Vous n’avez qu’une heure devant vous et vous voulez être au top sur les tendances des vitrines dans la capitale du luxe et de la mode ? Chic.une.vitrine vous entraîne à Paris dans une « promenade visual merchandising » intense entre Madeleine et Havre Caumartin.
On pourrait penser que les plus belles vitrines de Paris se trouvent dans son célèbre le Triangle d’or Champs Elysées - Montaigne - George V. Ou qu’elles s’affichent dans les artères les plus touristiques de la capitale : avenue de l’Opéra ou rue de Rivoli. Ce n’est pas totalement faux. Mais ce n’est pas le plus efficace.
si vous avez peu de temps devant vous, rendez-vous directement place de la Madeleine. Ce quartier si parisien a un peu perdu un peu de sa superbe, depuis la fermeture de Hédiard, l’enseigne d’épicerie fine qui faisait sa renommée. Mais il reste un point de départ parfait pour notre plongée dans le monde merveilleux des plus belles vitrines de Paris.
L’aventure commence donc au 27 boulevard de la Madeleine, avec Kenzo. Les vitrines de cet incontournable du prêt à porter haut-de gamme peuvent être basiques. Mais elles sont parfois révolutionnaires, à la frontière entre la mode et l’art contemporain. La marque n’hésite pas à briser les codes, par exemple avec des mannequins déséquilibrés, surexposés, ou dissimulés captivants. Juste à côté de Kenzo, la boutique Polo Ralph Lauren est une voisine plutôt conventionnelle. Elle joue sagement avec les saisons et les couleurs. Vous y admirez des décors élaborés rassurants et des assortiments de teintes ingénieux : ici, on fait bon usage du nuancier et du cercle chromatique.
Après cette mise en bouche qui vous offre un rapide grand écart entre la tradition et la déstabilisation, remontez maintenant la rue Royale. Jetez un œil chez Massimo Dutti (n°24) - qui s’autorise parfois des fantaisies intéressantes, et traversez pour rejoindre Villeroy & Bosch au n°21 : l’expert des arts de la table combine ses plus belles pièces pour des mises en scène simples et de bon ton. A peine plus loin, sur la droite, vous découvrez Gucci (n°23). La maison florentine utilise des éclairages techs et futuristes, des écrans et des néons inédits qui semblent transformer ses mannequins en robots ou en extraterrestres.
A ce niveau de la rue Royale, un passage couvert s’ouvre devant vous. Engouffrez-vous sans hésiter sous le porche du « Village Royal ». Dans l’ombre de ses arches, de belles créations de Dior se révèlent. Il s’agit généralement de collab avec des artistes de renom qui mettent leur art au service des objets et vêtements de luxe. L’expérience Dior se poursuit dans la jolie Cité Berryer, avec les vitrines de Baby Dior. Vous arrivez maintenant sur la rue Boissy d'Anglas, tournez à gauche. Vous croisez Eric Bompard (n°22) et le bottier John Lobb (n°21) qui peuvent vous réserver de jolies surprises. Et soudain, vous voici arrivé devant chez Hermès.
La boutique Hermès fait l’angle avec la rue du Faubourg Saint-Honoré. Vous ne pourrez pas la rater : elle est assez spectaculaire. Dans quelque capitale du monde que vous vous trouviez, si vous aimez les vitrines, cherchez celle d’Hermès. La surprise et le ravissement sont quasi garantis. Hermès tente tout, se permet tout, sans oublier de mette en valeur – de manière plus ou moins subliminale - sa tradition du cuir de luxe et de la sellerie (voir le cheval sous marin du moment).
Le 24 de la rue du Faubourg Saint-Honoré, c’est l’adresse historique de la maison Hermès. Celle du premier magasin, ouvert en 1880 par Charles-Émile Hermès, qui y vendait à l’époque des harnais et des selles sur mesure. Quatre fois par an, ce somptueux flagship organise un traditionnel « lever de rideau » pour révéler à ses invités la magie de la nouvelle saison de ses vitrines, parfois déroutantes, toujours ultra-créatives.
Ouvrez grand les yeux. En ce moment, vous y découvrez un univers sous-marin, une Atlantide semée d’aquariums et d’écrans aquatiques, où chaque objet (mannequins compris) est recouvert de coquillages, de galets, voire d’une mosaïque constituée par des éclats d’assiettes (Hermès). Dans les coffres engloutis, les huitres perlières, ou sous la garde d’un bernard l’hermite géant, vous apercevez les dernières créations de la marque. Si vous passez le soir, vous verrez les reflets de la mer onduler derrière les vitres. L’ensemble est saisissant.
La folie Hermès est un signal : vous êtes arrivé précisément là où rêvent (peut-être) de se rendre tous les amateurs de visual merchandasing du monde : l’axe Saint-Honoré. Au bout de quelques mètres, la rue du Faubourg Saint-Honoré se prolonge en effet par la rue Saint Honoré (tout cout) et forme avec elle, sur près d’un kilomètre, un véritable royaume du luxe mais aussi de la créativité vm. C’est l’Eldorado du chercheur de belles vitrines. Après Hermès, vous allez trouver Tod’s (n°17/19)
Tod’s est un groupe de mode italien, spécialisé dans les mocassins et bottines de luxe. Toutes ses chaussures sont fabriquées en Italie. Et c’est ce processus de fabrication qui est généralement mis en avant dans la décoration de ses vitrines. On s’y amuse avec des échantillons de cuir, des outils, des planches d’inspiration, des cotes… Le tout mis en scène de façon agréable et originale pour valoriser les produits finaux.
Après avoir retraversé la rue Royale, vous arrivez dans la deuxième partie de l’axe : dans la rue Saint-Honoré. Très vite, vous repérez la boutique Longchamp (n°404 en travaux, mais la boutique en face reste ouverte). Cette marque de maroquinerie élégante fait un travail remarquable tant sur le narratif visuel que sur le rendu technique très qualitatif : Longchamp crée des univers fourmillants de détails, des scénettes dignes de véritables décor de théâtre.
Plus loin, Louboutin (n°400) et Giorgio Armani (n°368) ont parfois de bonnes idées – actuellement un grand cerf bleu klein onirique chez Armani. Guerlain (n°356) décline son univers de fleurs et d’abeilles avec délicatesse et Fendi (n°265) sort le grand jeu en faisant poser ses mannequins de manière originale ou en travaillant ses éclairages (actuellement une roue-iris géante et hypnotique). Arrive ensuite Chanel (n°31 rue Cambon) et son univers d’élégance irréelle et froide follement chic.
Au 261 de la rue Saint-Honoré, revoici Dior. Les concepts que vous avez entr’aperçu rue dans le petit passage de la Royale se déclinent ici version XXL, allant jusqu’à sortir par les fenêtres des étages supérieurs de ce magnifique bâtiment haussmannien. (en ce moment, vous pouvez y admirez une collaboration avec l’artiste portugaise Joana Vasconcelos).
Dior - Octobre 2023 @ Chic.une.vitrine
Un peu plus loin, ne ratez pas J.M Weston (n°243). Cette manufacture de chaussures à l’œuvre depuis 1891 met souvent en valeur ses créations avec un humour discret, chic et décalé. Comme Tod’s, la marque valorise la confection, d’une manière plus poétique que didactique. Derrière un rendu qui n’occupe qu’une petite surface, on devine un travail de recherche de sens, des jeux de mots cachés, des associations d’idée.
Autre gourmandise de la rue Saint-Honoré, la vitrine de chez Goyard (n°233), le plus ancien des malletiers parisiens toujours en activité. Le 233 rue Saint-Honoré est l’adresse originelle de la boutique, installée sur cet emplacement depuis 1834. Et sa devanture actuelle est l’une des plus anciennes de Paris.
Goyard - Octobre 2023 @ Chic.une.vitrine
Avant de plonger dans la contemplation des intérieurs, prenez le temps de regarder cette façade à l’ancienne depuis le trottoir d’en face : boiseries poinçonnées de lettres d’or, adresse fièrement revendiquée sur un bandeau noir… C’est un premier plaisir pour les yeux. Et le plaisir redouble lorsque vous constatez que derrière les vitres, on est loin de découvrir un décor poussiéreux de vieille pharmacie.
Goyard offre une petite série de vitrines résolument originales. Créatives, chics et chaleureuses à la fois, des vitrines qui rappellent les valeurs de la marque : « une Maison singulière, éprise d’intemporalité, d’authenticité, d’exclusivité d’indépendance et de liberté , à mille lieux des diktats contemporains du marketing et de la production de masse ». Oui, vous allez vraiment ressentir tout ça rien qu’en regardant la vitrine de Goyard. Du moins, on l’espère pour vous.
Tournez maintenant vers la belle place Vendôme et traversez-la rapidement. Les marques de luxe y sont nombreuses, mais les vitrines intéressantes ne se bousculent pas au portillon. Gardez l’œil ouvert : on n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise, notamment chez Piaget (n°6) et filez vers la rue de la Paix. Même chose dans cette prestigieuse avenue parisienne : avancez vite en ralentissant cependant le pas au niveau de Tiffany & Co (n°6) et de Vacheron (n°2) qui ont parfois des idées très réussies (une mini-piscine de silicone pour les bijoux Tiffany, magnifique !)
Tiffany & Co - Octobre 2023 @ Chic.une.vitrine
Vous voici place de l’Opéra. Checkez à gauche, chez Benetton (n°3). Les vitrines de cette marque italienne sont généralement simples mais efficaces. Grâce au jeu des couleurs, des lignes, des motifs, elles retiennent l’œil en composant un tableau équilibré et attirant.
On continue : vous traversez la place de l’Opéra en diagonale jusqu’au n°8. Ici, Lancel qui a pignon sur rue n’hésite pas à jouer avec les passants. Clins d’œil, vitrines débordant sur la façade, astuces de vitrophanies. L’adresse est imaginative et élégante. Poursuivez sur la rue d’Halévy pour rejoindre rapidement le Boulevard Haussmann.
Le Printemps - Février 2022 @ Chic.une.vitrine
Vous traversez et c’est fait : vous voici sur les Grands Boulevards. Là, aucune surprise, le monde entier est au courant : vous allez découvrir les plus belles vitrines de Paris (et peut-être du monde). Les Galeries Lafayette et quelques centaines de mètres plus loin, Le Printemps Haussmann sont connus pour mises en scène rivales. Pour les fans des vitrines, sur le Boulevard Haussmann, c’est tous les jours Noël. A part, peut-être et malheureusement, les quelques jours qui précèdent le dévoilement en grande pompe des véritables et tant attendues vitrines de Noël.
Depuis plus d’un siècle, les Galeries Lafayette et Le Printemps installés dans de somptueux bâtiments historiques rivalisent de moyens et de créativité pour emporter la palme, toujours remise en jeu, de la meilleure vitrine de Paris. Chacun tisse des partenariats formidables avec des marques, des collab inédites, renouvelant les matières, des thèmes, utilisant des mannequins jamais vus… De la musique, du mouvement, de la vidéo… Ainsi pourrait-on résumer : si vous avez une heure pour découvrir les vitrines de Paris, faites notre promenade vm en entier. Et si finalement vous n’avez que 15 minutes, rendez-vous au Métro Havre Caumartin, tout Paris vm est devant vous.
PS : Ce retail tour est disponible avec Interklutur via ce lien.
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